Douce France ? Des images d'aujourd'hui qui évoquent notre enfance ou la jeunesse de nos parents, des vestiges sur les murs - réclames, enseignes, des bâtiments publics abandonnés, des pavés dans la rue, de l'herbe au milieu des chemins vicinaux, mais aussi des activités traditionnelles qui subsistent et font plaisir, ou des innovations qui créent des liens... Les lieux ont de la mémoire. Où peut-on retrouver aujourd'hui cette mémoire ? celle de la France de Charles Trenet et de Jour de fête, celle d'avant l'abandon des campagnes, celle des petites villes avant les autoroutes et les réseaux sociaux, celle de la "force tranquille" avec l'école et le clocher au centre du village, d'une certaine innocence (dans nos rêves), avant la mondialisation et l'agro-industrie, la délocalisation et la financiarisation, avant la laideur des centres commerciaux, la bétonisation des villes, le tout pétrole, les centrales nucléaires, les méga-bassines et les pollutions ? Bien sûr on pourrait privilégier le côté esthétique, et pas le contrôle social de l'entre-soi, les mauvais effets de l'isolement, l'inégalité des chances et la dureté de la vie quotidienne. Bien sûr on idéalise une certaine nostalgie et pas les conséquences démoralisantes de la désertification. Mais à l'heure des choix face au dérèglement climatique et à l'après-confinement, rien n'empêche de voir aussi dans ces lieux qui ont traversé les générations un sens motivant et un idéal d'art de vivre que d'aucuns recherchent à nouveau ... Douce France est donc un récit de l'histoire multiple du "Patrimoine du quotidien".